Parle-moi en silence…

 

Il m’impose sa muselière…
J’ai trop parlé et lui, veut plus entendre.
Devenant compagnon obligé depuis que les mots se sont enfuis
Enfuis à force de déprime, de complaintes et de mépris

Mêmes les autres ne comprennent pas cette relation houleuse qui nous lie.
Me forçant à serrer les lèvres quand il m’instruit
Ecoute plutôt, et parle moins...me dit-il
Voulant rebiffer, lui, me force a me taire
Comprimant mes lèvres, alourdissant ma langue.
Dans quel sadisme ose-t-il se complaire !
J’avale ma salive mal gré, je lui tire la langue
Cette langue qui frétille dans son trou noir et riposte avec moi d’une seule voix.
Elle, moins complaisante ; s’acharne sur mes tempes pour me faire entendre sa harangue
Elle aussi veut un peu de manœuvre, se libérer…
Ma gorge se serre et mon regard de glace quand il veut lui aussi s’y mettre.

Mon geôlier, a moi, ne cède pas
Il me tint bâillonnée et, n’écoute pas
Peu à peu, j’apprends
Je comprends
Un passant qui passe,
Une âme, esseulée, qui trépasse.
Je vois mieux le ciel et ses myriades
Je sens mieux le souffle d’air qui me frôle, regarde !
J’apprends à voir le regard qui m’accède!

Mais je sais aussi ouvrir la bouche de temps en temps
Permettre au son de sortir de ma bouche à son dos tourné
… Surtout aux autres qui ignore son langage
Qui n’ont pas appris à l’écouter ni à le connaitre.

Nous avons pris plaisir à nous prendre par les cheveux.
Son langage particulier a eu raison de moi.
Bien que je l’aime pas trop… lui, me porte-t-il au cœur ?
Insensible qu’il est, ne voit-il pas ma rancœur ?
J’y crois pas trop…

Et, je comprends mieux…(Je lui dois au moins ça) !
Qu’à trop parler, tout se gâte !

Mieux vaut voir dans la chaleur, le souffle d’air providentiel
Mieux vaut s’écouter, se parler…
Mieux vaut voir, dans le dés-espoir, l’espoir
Mieux vaut voir dans le noir la lueur qui s’invite car,

…Parfois une luciole peut éclairer la voie.
Il suffit de parler avec le cœur plutôt qu’avec la bouche…