Coucou, Me revoici!
On nous dit souvent qu’il faut boire beaucoup d’eau afin de faciliter notre circulation récalcitrante et évacuer les toxines de notre sang malade. Mais je viens vous parler de ses méfaits. Avez-vous, comme moi, fait l’expérience des multiples facettes de cette flotte, plus bénéfique à l’interne qu’à l’externe??
Laissez-moi clarifier: Combien sommes-nous à faire l’expérience des crises lors d’une baignade à la plage ou à la piscine? Ben, moi si!
Comme, je l’explique souvent, il n’y a pas de prise en charge effective et efficiente de la drépanocytose en Haïti. Maman s’est formée sur le tas en m’observant et en apprenant à détecter les signes précurseurs des crises vaso-occlusives. J’ai aussi pris l’habitude de me surveiller et d’apprendre le langage de mon corps. c’est ainsi que je découvris pourquoi, beaucoup de drépas ne supportent pas toujours la plage.
Je me rappelle, enfant, je participais beaucoup aux retraites. Mais, à chaque fois qu’on nous emmenait à la mer ou à la rivière; j’en revenais souffrant tous les maux du monde. Malgré tout, j’y retournais à chaque fois, même si, je ne m’y baignais pas longtemps ou plongeai juste le temps de me mouiller. Faut dire que je suis une rebelle née!
Maintenant encore, la mer n’est pas ma meilleure alliée mais, je continue à m’y rendre malgré tout. J’enfile mon bikini; un paréo pour me protéger et, je lis un bon livre en écoutant de la musique. Parfois, j’y trempe même les pieds, pis le corps et ressort tout de suite; histoire de la narguer et la défier… mais essayons d’expliquer les raisons pour lesquelles nous ne supportons pas trop la mer, le pool party etc…
Nous savons plus ou moins que la température idéale de notre corps est de 37°C. ou 37°C.5 machin. Bien que cela varie d’une personne à une autre selon sa morphologie et aussi l’environnement où elle vit. Mais cela ne devrait pas être en dessous de 36°C. Quand la température ambiante, ou encore celle de notre environnement, est assez basse pour affecter notre température corporelle centrale et entraîner une diminution en dessous de 37°C ; notre corps répond par sa bonne vieille méthode que, parfois, je déteste en bonne ingrate (je dois l’avouer). C’est le système Autorégulateur que nos chers savants en Science de la santé ont appelé »vasoconstriction cutanée ». Elle permet d’isoler les tissus périphériques du compartiment central en créant une variation de chaleur entre la peau et les viscères profonds (cœur, cerveau, rein).
Pour ceux qui, comme moi, voudront bien consulter le dictionnaire ou wiki, (je vous dispense de cet effort supplémentaire) la vasoconstriction est en peu de mots « un processus naturel qui consiste à diminuer le calibre (grosseur) des vaisseaux sanguins grâce à la contraction des fibres musculaires ». Ce phénomène est dû au message que ton corps envoie aux nerfs pour les avertir d’un danger et eux, ils répondent par ce mécanisme afin de régulariser notre température centrale ou de générer sa propre chaleur.
De ce fait, nous avons comme résultats : Le rythme cardiaque qui augmente, la distribution sanguine s’accélère et le sang devient plus visqueux; ce qui aboutit à une hémoconcentration. Dans ces cas-là : on observe une augmentation de la concentration plasmatique de 10 % des globules rouges, des leucocytes, des plaquettes, du cholestérol et du fibrinogène, et une augmentation de la viscosité sanguine de 20 % environ.
Nos pauvres cellules homozygotes qui sont déjà amochées par le manque d’oxygène et très peu agiles se bloquent dans nos vaisseaux si peu élastiques et, voilà ! Blocus général, déformation des globules rouges en faucilles et comme moi, vous connaissez la fin : les crises vaso-occlusives… (CVO)
C’est fou comme ça arrive rapidement !! Parfois j’ai le temps de rentrer chez moi, mais, il arrive aussi que ça me surprenne au bord de l’eau si ce n’est pas dedans !!! Aussi rapide que cela!
Selon le site : http://social-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-climatiques/article/grand-froid-professionnels-de-sante Je cite: Une étude menée à Kingston (Jamaïque) sur l’analyse des facteurs déclenchant les crises vaso-occlusives chez de jeunes patients drépanocytaires montre qu’un refroidissement cutané était en cause dans 34 % des cas. Le froid comme facteur déclenchant les crises n’était pas moins fréquemment retrouvé chez les patients présentant une couche graisseuse sous-cutanée plus importante.
Pour les braves, comme moi, qui ne vont nullement se priver d’une baignade à cause de cette évidence, rappelez-vous que la température à la plage est toujours plus basse que dans les zones habitables. Même si nous résistons à une bonne petite baignade, le fait même de fouler le sol de la plage nous menace !!
Ce que la mer ignore : nous nous baignerons quand même tout en nous rappelant que nous ne sommes ni des phoques, ni des dauphins !! Nous nous couvrirons, effleurerons l’eau furtivement et nous nous empresserons de nous réchauffer en nous félicitant d’y goûter bravement en drépas responsables !!
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Drepa-Warrior